Les coureurs supportent mieux la douleur que les sédentaires ?

Des scientifiques norvégiens semblent s’être approchés de la réponse dans une étude publiée en 2020. Ils ont en effet comparé la tolérance à la douleur entre plusieurs groupes d’individus. Sportif, sportives d’endurance soyez avertis … leurs trouvailles risquent de flatter votre égo !

L’art de Souffrir

Une grande tolérance à la douleur est quasi indispensable pour réussir dans les sports d’endurance. Imaginez un instant compléter un 10k ou un marathon sans parvenir à ignorer cette petite voix qui vous supplie de ralentir.

Pour repousser les connaissances en science du sport, les chercheurs qui étudient la douleur usent parfois de procédés ingénieux !

Une Étude Solide [2020]

Cette étude a été publiée dans le prestigieux journal Frontiers in Psychology par trois chercheurs norvégiens de The Arctic University of Norway. Pour faire simple, ils ont comparé la tolérance à la douleur entre trois groupes d’individus.

Trois Groupes

  • 72 participants en bonne santé non-sportifs (groupe contrôle)

  • 17 joueurs de soccer professionnel

  • 15 athlètes d’endurances professionnels

    • 12 skieurs de fond

    • 3 coureurs

Trois Types de Douleur

Les chercheurs ont mesuré trois types de douleur :

🤕 La tolérance

🤕 Le seuil

🤕 L’intensité

Le déroulement de l’étude était simple, chaque participant se présentait au laboratoire et subissait les trois types de douleur à de nombreuses reprises (sympa l’expérience 😅).

[No1 : La Tolérance]

C’est quoi ? C’est la durée pendant laquelle un individu peut résister à un stimulus douloureux.

Comment c’était mesuré ? Les participants devaient submerger leur main droite dans de l'eau très froide (2°C) jusqu’à ce que cela devienne trop douloureux. Évidemment après 3 minutes (éthique oblige), les participants devaient retirer leur main de l’eau.

Vidéo de la procédure (pour les curieux).

Les participants pouvaient atteindre une durée maximale de 180 secondes soit 3 minutes.

Résultats ?

💡 Les athlètes d’endurance (en rouge) ont pulvérisé les compteurs en tenant 179.64 secondes en moyenne ! Soit presque le maximum.

💡 Quant aux footballeurs et aux non-sportifs (jaune et bleu), performances décevantes puisqu’ils ont tenu un peu moins de 2 minutes.

[No2 : Le Seuil]

C’est quoi ? L'intensité minimale d’un stimulus qui génère de la douleur.

Comment c’était mesuré ? Les chercheurs ont utilisé la « method of limits ». En bref, chaque participant était branché à un appareil électrique au niveau du poignet. Cet appareil envoie de la chaleur intense via un genre d’électrode. La température initiale s’élevait à 32 °C puis augmentait de 1 °C par seconde jusqu’à une limite sécuritaire de 52 ° C.

Lorsque la sensation passait de perception de chaleur à douleur, les participants devaient appuyer sur un bouton pour terminer l’expérience.

Pour le curieux, la procédure commence à la 5e minute

Résultats ?

🏃‍♂️ Les athlètes d’endurance et les footballers ont démontré un seuil de tolérance supérieur aux non-sportifs.

💡 Cela signifie que les non-sportifs ressentent plus vite de la douleur.

[No3 : L’intensité]

C’est quoi ? C’est la quantité de douleur que vous ressentez, par exemple sur une échelle de 1 à 10, pour un stimulus précis, par exemple en mettant votre main sur une plaque de cuisson !

Comment c’était mesuré ? Le même système avec électrode était utilisé sauf que cette fois, une température fixe de 47.5 °C était maintenue pendant 30 secondes et les participants devaient évaluer leur douleur en continu sur une échelle de 1 à 100

Résultats

💡 Les athlètes d’endurance (rouge) sont ceux ayant rapporté la plus faible intensité de douleur (45/100).

💡 En moyenne les footballers ont rapportés une douleur de 52/100 et 59/100 pour les non-sportifs.

💡 Les résultats n’étaient toutefois pas statistiquement significatifs, mais cela est dû à un nombre insuffisant de participants.

Explications

Pour pouvoir expliquer ces résultats, les chercheurs avaient demandé aux participants de remplir plusieurs questionnaires à propos de leur personnalité, leur peur de la douleur, et leur Grit. En gros le Grit c’est la passion et la persévérance pour des objectifs à long terme qui sont importants pour nous.

L’idée des chercheurs était donc de voir si des traits psychologiques pouvaient expliquer les différences de tolérance à la douleur entre les personnes.

La réponse à cette question est OUI.

Globalement, les athlètes d'endurance avaient moins peur de la douleur (notamment des petites douleurs), et leur niveau de Grit était supérieur aux Footballers et non-sportifs. Cela semble donc expliquer les résultats de cette étude.

Le type de sport compte : Le cas des haltérophiliste

Une étude de 2019 a montré que les sportifs d’endurance ont une meilleure inhibition de la douleur, alors que les athlètes de force (haltérophilie, lancer de marteau/poids) ont une sensibilité réduite à la douleur (intensité).

Ce que j’en pense

Étude très solide sur le plan méthodologique, et l’explication des chercheurs me semble cohérente. Les athlètes d’endurance s’exposent de leur plein gré à une activité difficile et douloureuse ce qui explique qu’avec les années d’entrainement, ils s’adaptent.

Selon moi, il y a également le fait que les athlètes d’endurance se perçoivent souvent comme des individus forts et résistants. Et c’est logique … lorsque beaucoup de temps est investi dans une activité, nous finissons par intégrer les codes de cette activité. Par conséquent, si les stéréotypes du coureur consiste à se montrer fort, dur #NoPainNoGain, vous serez motivé à développer ces traits de personnalités et donc à mieux encaisser la douleur (c’est une question d’honneur quoi).

EN RÉSUMÉ

💡 Les athlètes semblent moins sensibles à la douleur que les non-athlètes, mais le type de sport affecte différemment la perception à la douleur.

💡 Les athlètes d’endurance ont une tolérance accrue à la douleur, un seuil plus élevé et une perception générale (intensité) de la douleur plus faible comparativement à des footballers professionnels et des non-sportifs.

💡 Le volume d’entrainement aérobique explique aussi la plus grande tolérance des athlètes d’endurance.

💡 La peur de la douleur et le Grit sont également des variables clés.

💡 Franchement, les sportifs d’endurance, vous pouvez être fiers de vous.

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